
Compétition Long-métrage Fiction
Tanit d'or: Noura Rêve de Hinde Boujemaa (Tunisie)
Tanit d'argent: Atlantique de Mati Diop (Sénégal)
Tanit de bronze: Scales de Shahad Ameen (Arabie Saoudite)
Prix du meilleur scénario: You Will Die At Twenty de Amjad Abu Alala (Soudan)
Prix du meilleur montage: Julie Naas pour Adam de Maryam Touzani (Maroc)
Prix de la meilleure interprétation féminine: Hend Sabri pour son rôle dans Noura Rêve (Tunisie)
Prix de la meilleure interprétation masculine: Lyes Salem pour son rôle dans Abou Leila (Algérie)
Prix de la meilleure musique originale: Fatima Al Qadiri pour Atlantique de Mati Diop (Sénégal)
Prix de la meilleure image: Virginie Surdej pour Adam de Maryam Touzani (Maroc)
Compétition Court-métrage Fiction
Tanit d'or: True Story de Amine Lakhnech (Tunisie)
Tanit d'argent: Charter de Sabry Bouzid (Tunisie)
Tanit de bronze: Mthunzi de Tebogo Malebogo (Afrique du Sud)
Compétition Long-métrage Documentaire
Tanit d'or: Talking About Trees de Suhaib Gasmelbari (Soudan)
Tanit d'argent: For Sama de Waad El-Kateab et Edward Watts (Syrie)
Tanit de bronze: A Haunted Past de Fatma Riahi (Tunisie)
Mention spéciale du Jury: Pas d'or pour Kalsaka de Michel K. Zongo (Burkina Faso)
Compétition Court-métrage Documentaire
Tanit d'or: All Come From Dust de Younes Ben Slimen (Tunisie)
Tanit d'argent : Pacific d’Angie Obeid (Liban)
Tanit de bronze : Cinq Etoiles de Mame Woury Thioubou (Sénégal)
Compétition Première œuvre
Tanit d'or Tahar Cheriaa : You Will Die At Twenty d’Amjad Abu Alala (Soudan)
Prix TV5 Monde de la meilleure première œuvre : Khartoum Offside de Marwa Zein ( Soudan)
Mention spéciale du jury : Un fils de Mehdi M.Barsaoui (Tunisie)
Prix du public
Entre deux Frères de Joud Said (Syrie)
Prix parallèles
Prix UGTT du/de la premier/e assistant/e à la réalisation : Sawssen Jemni pour Noura rêve de Hinde BOUJEMAA - Tunisie
Prix FACC : Adam de Maryam TOUZANI (Maroc)
Prix FIPRESCI : You Will Die At Twenty de Amjad ABU ALALA (Soudan)
Prix Cinephilia : Yasmine BenAbdallah pour son court-métrage Chebba (Maroc)
Mention Spéciale Ciné-promesse : TF2011 de Nour El Hayet BEN ABDALLAH (Tunisie - Maroc)
Prix Carthage Ciné-promesse (doté par le CNCI et Hakka Distribution) : Le dernier voyage de Latefa AHRRARE (Maroc)
Les années passent et la Tunisie aime toujours le cinéma
Cher Néjib,
Ce 2 novembre 2019, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) ont pris fin dans une ambiance particulière. D'abord parce que ton ombre planait sur tout l'événement, entre hommage et nostalgie, mais surtout - et tu pourras t'en réjouir - par amour du cinéma. Ensuite parce qu'une femme remportait la plus haute distinction de ce festival. Une femme qui s'est battue, dans sa vie privée comme dans sa vie publique, pour aller au bout de ses rêves, résister et défendre des portraits de femmes fortes. Avec Noura rêve, son premier long-métrage de fiction, Tanit d'or des JCC 2019, Hinde Boujemaa confirme après C'était mieux demain, son amour des "petites gens", des démunis, des oubliés de la société et des femmes avant tout, dans un récit haletant porté par une Hend Sabri majestueuse et convaincante, auréolée elle aussi d'un Prix d'interprétation féminine mérité.
Cher Néjib, cette année, le Soudan renaît de ses cendres. Par sa population descendue dans les rues, certes, mais aussi par l'incroyable coïncidence de trois cinéastes d'une même génération (Marwa Zein, Suhaib Gasmelbari et Amjad Abu Alala), tous trois repartis avec des prix, qui du Prix TV5 Monde de la première oeuvre (Khartoum Offside), du Tanit d'Or documentaire (Talking about trees) ou du Tanit d'Or Tahar Cheriaa de la meilleure première oeuvre (You Will Die At Twenty). Si tu les avais vu chanter à l'unisson dans le bar de l'hôtel Africa, le soir, très tard ! C'était très beau.
Hasard ou heureuse coïncidence, la couverture de notre 14e numéro d'AWOTELE était consacré au film de l'un d'entre eux. J'aurais aimé pousser la porte de ton bureau comme l'année dernière, traverser la pièce enfumée, te regarder me sourire à travers tes lunettes et feuilleter ce numéro. Mais c'est ainsi. Ton équipe a fait le job comme on dit, de façon incroyable et digne. Et on peut dire que l'édition était réussie car c'était une édition très riche en propositions cinématographiques.
Samia Labidi a même piloté un focus "Diaspora ?" très intéressant, réunissant de nombreux cinéastes et programmateurs, permettant de porter un regard et une parole sur ces vies entre-deux rives, ces "double vague" tiraillés des deux côtés de la mer, bref, ces personnes entre l'ici et l'ailleurs qui insufflent au cinéma un renouveau sortant de l'habituel entre-soi.
Alors oui Néjib, merci. Merci d'avoir réuni toutes ces personnes qui croient au cinéma, merci de permettre un écrin aux films qui n'ont parfois pas d'écho à l'international, merci de permettre les discours critiques, les polémiques sur le tapis rouge et de poursuivre cette passion du cinéma. A défaut d'avoir le Colisée cette année, les spectateurs se sont rués à la Cité de la Culture et il n'y a pas plus grand cadeau pour une équipe de film qu'une salle pleine. Les années passent et la Tunisie aime toujours le cinéma. C'est tellement beau et rare que c'est à mettre en perspective avec les propos d'Ikbal Zalila, critique tunisien "à la retraite", qui regrettait lors des discussions d'Engage@JCC, le fait qu'il n'y ait plus de relève critique à former puisque tout le monde préfère y aller de son commentaire sur les réseaux sociaux plutôt que de prendre le temps de voir et d'écrire sur un film.
Cher Néjib, je crois que la force des JCC est d'être son propre mirage, son propre miroir, son propre phare : en 2019 toujours, on est fier d'être sélectionné aux JCC. A l'heure de la mondialisation, il est bon de se rappeler que nos aînés, Sembène Ousmane et Tahar Cheriaa en tête oeuvraient pour que l'Afrique se regarde, se considère, s'apprécie. Bref, se recentre. Sembène le soulignait justement dans le documentaire Caméra d'Afrique de Férid Boughédir (dont la version restaurée mériterait de circuler dans tous les ciné-clubs) : "Je n'en ai rien à fiche de l'Europe puisque l'Europe n'est pas mon centre !".
En mémoire de ces aînés, il serait bon, encore, de tenter de se recentrer sur des luttes nobles, loin des paillettes et des strass que certains adulent à défaut d’œuvrer véritablement pour la collectivité. Les coups bas sont si nombreux et les gens si isolés ! Nous nous devons de nous mobiliser en faveur des droits d'auteur, loin du pillage, des malversations, des fourberies, des "escrocs" comme aime les appeler le cinéaste rwandais Joel Karekezi. Des escrocs qui se moquent bien du quotidien douloureux des artistes tant que leur compte bancaire à eux se remplit ! Ces escrocs siègent parfois dans des jurys, obtiennent et se vantent d'une légitimité qui n'a pas lieu d'être et, pire encore, dessert les efforts collectifs qui permettraient de faire avancer l'industrie du cinéma. Et c'est peut-être cela, cher Néjib, la touche un peu triste de ce festival. A l'image des débats autour dule tapis rouge, s'installe une scission éternelle entre combattants du cinéma et profiteurs du système. Ceux qui se battent dans l'ombre et ceux qui leur marchent dessus pour être dans la lumière. Une "liste noire" a failli voir le jour au coin d'une table lors des JCC. Peut-être prendra-t-elle un jour la forme d'un manifeste, d'une pétition, d'un site internet ou d'un groupe Facebook. Car si les JCC ont toujours œuvré pour les cinéphiles et les artistes avant tout, ne nous permettons pas de saboter cela en invitant des personnes qui se préfèrent plus que tout.
Félicitations pour cette belle édition.
Le bonjour à Idrissa, Med, Saint Pierre, Emmanuel et tous les autres.
Vive les JCC, vive le cinéma.
Claire DIAO
ASCRIC-B
France/Burkina Faso