Saint-Louis 2019 : Mémoire historique et technique narrative au menu

FIFD 2019 : projection dans les quartiers © DR
FIFD 2019 : projection dans les quartiers © DR

Se donnant pour ambition de soutenir la liberté d’expression, de pensée et de création afin de « favoriser et d'encourager le dialogue interculturel », le FIFD a, durant six jours, organisé 40 séances dans 20 espaces de diffusion disséminés dans 10 quartiers de Saint-Louis à Gandiol. Cette année, la mémoire historique ainsi que l'innovation dans la technique narrative en ont retenu les attentions et séduit le jugement critique.

Le Documentaire a repris ses droits dans l'ancienne capitale du Sénégal. Du 16 au 21 décembre 2019, au total, 31 films de22 pays (Kenya, Afrique du Sud, Belgique, Madagascar, France, Maroc, Palestine, Canada, etc.) ont été diffusés en différents endroits dont les écoles, collèges et lycées, l’Université Gaston Berger, l'Institut français, la Place Faidherbe, et jusqu’au Gandiol (à km de Saint-Louis commune). L’événement qui se veut « plateforme de partage et de découvertes », a rassemblé, avec l'objectif d'accueillir « un regard original », des cinéastes à la fois d'Afrique et du reste du monde « ayant tourné sur le continent » et dont les œuvres sont « peu ou trop rarement diffusées à la télévision ». Selon les organisateurs, il s'agissait de proposer des films qui bousculent tout en menant à la réflexion et au questionnement en se gardant de livrer des « conclusions préétablies en permettant l'accès « à d'autres représentations des réalités africaines ».

Dans la sélection officielle, figurent 7 longs-métrages et moyens-métrages et 7 courts-métrages tournés en Afrique, tous soumis au jugement de cinq professionnels du cinéma, de l'audiovisuel et de la culture sénégalaise, avec à sa tête le réalisateur Ousmane William Mbaye.

A la fin de la compétition, le 21 décembre 2019, le jury, après avoir remercié le Festival pour la confiance accordée à ses membres et félicité le Comité de sélection pour la qualité des films, « particulièrement celle des longs-métrages documentaires », et tout en se dis honoré de voir celui qui est « considéré comme le père du documentaire au Sénégal », Samba Félix Ndiaye, rendu hommage, à décerné deux mentions spéciales : une pour le court-métrage et une autre pour le long-métrage.

Ainsi la première est revenue au film Démal de Loïc Hoquet pour, entre autres, « la résistance et la détermination du personnage » et son exemplarité face à une jeunesse désespérée sui cherche son avenir dans l'immigration clandestine ; la seconde est allée, dans la catégorie long-métrage, à Silas de Hawz Essuman et Anjali Nayar. Choix légitimité par « la cohérence du récit, le charisme et la sincérité du personnage » ainsi que par le fait que « la question soulevée est transnationale », puisque touchant beaucoup de pays dans le monde, et singulièrement en Afrique.

 

Quant au Prix du court-métrage, il est remis à E'ville de Nelson Makengo pour « son esthétique du vide habité, la manière de faire revivre une mémoire collective passée, pour le décor et la technique utilisée» .

S'agissant maintenant du Prix long-métrage, il a été décerné au film de Gilles Porte et Nicolas Champeaux, Le procès contre Mandela et les autres. Le jury ayant souligné « la recherche, l'utilisation d'archives, l'innovation dans la technique de narration participant au renforcement de d'une histoire qu'on croyait connaître, mais dont on découvre tous les contours ».

 

Et naturellement, dans la tradition établie, il y a un eu un invité d'honneur : l'Italien Stefano Savona, archéologue de formation qui a participé à plusieurs missions le continent, et qui depuis 1995 se consacre à la photographie, à la réalisation et production de films documentaires et enfin à installation vidéo. On retiendra dans son palmarès de documentariste, le Prix International de la Scam au Cinéma du réel ainsi qu’une nomination aux « David di Danatello » pour son LM  Carnet d'un combattant kurde (2006) ; le Prix Spécial du jury en 2009 au Festival de Locarno pour son film Plomb durci ; L'œil d'or du Meilleur documentaire en 2018 à la Quinzaine des Réalisateurs pour son dernier film Samouni Road.

 

D’intéressants rendez-vous ont donné des couleurs gaies à ce festival avec la Rétrospective – dénommée « Sargal Docs » - qui, cette année, s'est intéressée à la filmographie de l'invité honneur ; ce, à la suite, et respectivement, de l'Egyptienne Jihan El-Tahri et des Sénégalais Ousmane William Mbaye, Safy Faye et Angèle Diabang. Parmi les autres activités du festival, comptons un Panorama Sénégal avec la mise en scène de films d'hier et d’aujourd’hui, en hors compétition, de réalisateurs Sénégalais ayant tourné en Europe et dans le reste du monde ; enfin les Rencontres avec deux Masterclasse animées par Stefano Savona et Gilles Porte à l'UFR-CRAC de l'Université Gaston Berger (UGB) ; et une table-ronde qui a eu lieu le 21 décembre au Musée de la Photographie sur «Le cinéma documentaire comme vecteur de valorisation et de transmission de la mémoire », présidée par le critique de cinéma, Baba Diop.

 

Rappelons que depuis 2010, le FIFD de Saint-Louis a contribué à la diffusion et à l’accompagnement de près de 400 films documentaires et réuni plus de 50.000 spectateurs.

 

Bassirou NIANG
ASCC
SENEGAL